Cela nous aurait contraint à attendre cinq mois de plus pour voir Bullhead (Tête de bœuf), premier film belge et grand prix 2011 du festival. Un faux polar, situé dans le domaine rarement, voire jamais vu au cinéma, de la mafia des hormones. Mais un vrai grand portrait à hauteur d’homme, à fleur de peau. Ce fils d’agriculteur, Jacky, émasculé durant son enfance, et qui devient une bête dopée à la testostérone, est un personnage que l’on n’oubliera pas de sitôt. Massif, mutique, souvent filmé en contre-jour ou en amorce de dos, il prend peu à peu tout l’espace, effaçant du paysage l’intrigue policière peuplée d’indics, de garagistes wallons idiots et de caïds de rase campagne. Insaisissable et pourtant transparent dans l’expression de son manque affectif, il est le centre névralgique de ce premier film certes imparfait, l’histoire menaçant à tout moment de sortir de rails pourtant passionnants, mais malgré tout impressionnant de maîtrise et de noirceur romantique.
Autre grosse découverte sortie de nulle part, le briton Kill List a laissé pantois les spectateurs à l’issue de sa projection. Prototype du film inclassable, mélangeant sans prévenir des genres antinomiques (film social à la Ken Loach, polar poisseux et horreur gothique), Kill List est une véritable grenade dégoupillée, où là aussi une poignée d’acteurs accomplit des performances exceptionnelles. Il fallait du talent pour improviser aussi brillamment des dialogues au sein d’un script démoniaque signé du réalisateur-scénariste Ben Wheatley. Forcément imprévisible, le film nous force à ressasser chaque séquence, à soupeser chaque dialogue, dans l’espoir de découvrir toutes les clés d’une intrigue cryptée, irriguée par une folie souterraine parfois terrifiante.
En traversant l’Atlantique, le festival a également permis de découvrir le mexicain El Infierno, sorte de décalque mariachi des Affranchis. Lorgnant beaucoup du côté de l’humour caustique des frères Coen, ainsi que de Peckinpah (notamment dans son final), cette épopée se place clairement, violence sans concession à l’appui, dans le camp des agitateurs politiques incontrôlables : le film s’essuie volontiers les pieds sur le drapeau national, plaçant son intrigue mafieuse dans le cadre du bicentenaire de la naissance du pays. Un doigt d’honneur érigé avec panache et efficacité.
The ultimate expression of road rage. |
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Views : | 1217 |
Released : | 25 February 2011 |
Genres : | |
Director : | |
| = High Quality | | = Medium Quality | | = Low Quality | | = Unknown |
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